Sommaire
- Anatomie de la prostate
- Symptômes et facteurs de risques
- Signes cliniques
- Dépistage
- Traitements
- Actualité
Le mois de novembre débutant, nous désirons partager avec vous un nouveau dossier santé s’inscrivant dans une même démarche préventive, et faisant suite à octobre rose. Nous souhaitons cette fois-ci vous sensibiliser au cancer de la prostate. Novembre est populairement appelé « Movembre » pour la contraction en anglais de novembre et pour « Mo », signifiant moustache en argot. Ce terme amusant encourage les hommes de tout âge du monde entier à se laisser pousser la moustache dans une démarche éducative et préventive.
Le cancer de la prostate touche 1 homme sur 8. L’âge médian de découverte du cancer est de 74 ans, cependant ce cancer a un bon pronostic : la survie relative à 5 ans s’est améliorée de façon spectaculaire, passant de 70 % pour les cas diagnostiqués en 1990 à 90 % en 2002. Cela témoigne de l’avancée majeure en terme de techniques médicales et de recherche au cours du temps.
Anatomie de la prostate
La prostate est une glande, c’est un tissu musculo-fibro-glandulaire du système reproducteur masculin. Elle est située sous la vessie et entoure la partie proximale de l’urètre. Elle est composée de deux lobes séparés par un sillon médian dans sa partie postérieure, et est annexée de deux glandes : les vésicules séminales.
De très petite taille à la naissance, la prostate augmente de volume au cours de la puberté pour se stabiliser à l’âge adulte. Puis à nouveau après 50 ans elle augmente progressivement de volume, ce qui est à l’origine de troubles mictionnels.
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La prostate n’a pas de fonction hormonale propre, mais elle est hormono-dépendante. En effet, son développement dépend de la testostérone, une hormone synthétisée dans les testicules. Elle participe à la fonction reproductrice en sécrétant le liquide séminal, mais joue également un rôle important lors de l’éjaculation en se contractant. De cette manière, elle permet l’expulsion des spermatozoïdes initialement présents dans les testicules.
L’âge est un facteur important dans le développement de l’appareil génital et le bas appareil urinaire. Le vieillissement vésical et les modifications de la paroi vésicale qui en résultent sont à l’origine d’une désorganisation des mictions et d’une instabilité vésicale. 50 % des hommes de 50 ans ont au moins une miction nocturne.
Après 50 ans, la prostate augmente de volume : l’homme peut alors rencontrer une pathologie corrélée à ce changement physique, on parle d’hypertrophie bénigne de la prostate. Cette hypertrophie appuie sur l’urètre dont la compression peut provoquer des troubles urinaires du bas appareil urinaire de type obstructif : pollakiurie (envie fréquente d’uriner), dysurie (difficulté à uriner), retard à la miction, vidange incomplète. Il arrive que cette maladie se confonde avec le cancer de la prostate suite à une erreur de diagnostic. Nous reviendrons dessus par la suite.
Symptômes et facteurs de risques
Le cancer de la prostate est devenu depuis quelques années le premier cancer de l’homme de plus de 50 ans et représente la deuxième cause de décès par cancer aux Etats-Unis et en Europe. Nous savons aujourd’hui que 95 % des cancers de la prostate sont des adénocarcinomes, c’est-à-dire que le cancer se développe à partir de cellules qui constituent l’enveloppe de la prostate.
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Ce cancer, qui n’a cessé d’augmenter lors de ces 20 dernières années, est corrélé aux habitudes alimentaires qui évoluent avec la population et la modernisation. Aujourd’hui, nous mangeons de plus en plus de viandes rouges au cours de nos repas, ce qui aggraverait la situation. (pour plus d’informations sur les bons réflexes à prendre pour une alimentation saine et équilibrée, rendez-vous sur le site mangerbouger.fr)
Il y a donc véritablement un risque associé à une alimentation trop riche en viande, mais les habitudes quotidiennes du sujet tel que le tabagisme entre également en jeu, tout comme le facteur génétique. Cependant, certains aliments sont connus pour réduire le risque de survenue d’un cancer prostatique :
- la tomate : végétal le plus riche en lycopène antioxydant
- les aliments riches en oméga-3 : propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires
- les aliments riches en vitamine E : anti-oxydant luttant contre l’hypertrophie de la prostate
- les aliments à base de soja : contiennent des isoflavones qui réduisent le taux hormones masculines
Signes cliniques
Le cancer de la prostate est souvent asymptomatique, il apparaît généralement vers 60 ans et son évolution est très lente, ce qui explique un taux de mortalité faible. Malgré cela, il existe des signes cliniques témoignant de cette maladie tels que :
- une difficulté à uriner
- du sang dans l’urine ou le sperme
- des douleurs ou des raideurs au niveau des hanches et des lombaires
- des infections urinaires à répétition
- des éjaculations douloureuses
L’évolution et l’urgence d’un cancer de la prostate sont évaluées selon le score Gleason. Cette donnée va permettre de classifier les cellules cancéreuses en différents types selon une échelle allant de 1 à 5. De cette manière, il sera possible de déterminer le degré d’agressivité de la maladie.
- Grade 1 : les cellules semblent normales
- Grade 2 : le cancer apparaît faible
- Grade 3 : stade intermédiaire de la maladie
- Grades 4 et 5 : les cellules ont une apparence irrégulière et anormale ; le cancer de la prostate est considéré comme agressif.
Il faut savoir que plusieurs grades peuvent coexister au sein d’un même tissu prélevé lors de la biopsie.
L’examen principal est le toucher rectal. Le médecin par ce geste va palper la prostate avec son index. Si la prostate apparaît pierreuse et irrégulière, il sera nécessaire de réaliser des examens plus approfondis. Un autre examen possible est le dosage sanguin de PSA (antigène prostatique spécifique). Ce test est indicatif.
Si le taux de PSA est supérieur à la normale, il y a un risque de cancer accru, mais potentiellement aussi d’HBP (hypertrophie bénigne de la prostate). Finalement, nous avons l’échographie trans-rectale qui a pour but de visualiser l’allure de la prostate et qui permet par la suite de réaliser des biopsies.
Les cliniques marois
Dépistage
Le risque devient très élevé, multiplié par 10 si dans les « antécédents familiaux« , un cancer de la prostate a été diagnostiqué :
- chez 2 du 1er ou 2e degré avant l’âge de 55 ans chez un parent au 1er degré
- ou bien chez 3 parents de la famille maternelle ou paternelle, quel que soit l’âge
Pour les hommes correspondant à ces profils, un suivi spécifique sera proposé. Chez les hommes ne présentant pas de symptômes, de 50 ans et plus sans antécédents familiaux, il n’y a actuellement pas d’argument décisif encourageant la pratique de ce dépistage (annuel). Les bénéfices qu’apporte le dépistage précoce dans ce type de cancer restent malheureusement « moindres » face aux inconvénients qu’il occasionne :
- un « sur-traitement« . Il existe un nombre important de cancers de la prostate « dormants », c’est-à-dire qui n’évolueront pas vers un cancer agressif. Il n’est pas possible de différencier ces cancers des autres, cela cause de réels problèmes. Ils seront donc traités de la même manière. De plus, les traitements peuvent s’accompagner d’effets secondaires (incontinence, impuissance, etc.).
- des inconvénients liés aux examens eux-mêmes (saignements et/ou infections suite à la ponction, inquiétude lors d’une fausse alarme).
Le dépistage précoce comprend un toucher rectal et un dosage de l’antigène prostatique PSA (prise de sang). Cette concentration devient anormalement élevée lorsqu’un cancer est en évolution. La principale cause de décès de ce cancer est l’apparition de métastases dans les os du bassin ou des vertèbres, même après traitement des cellules cancéreuses.
Une fois ancrées, elles sont incurables et diminuent l’espérance de vie du patient. Aujourd’hui, le dépistage de ces métastases n’est pas possible, mais des laboratoires se penchent sur la question afin de permettre leur détection prématurée et ainsi d’allonger la vie des patients.
Il faut savoir que ce dépistage précoce n’est pas un diagnostic à part entière. En effet, un toucher rectal normal n’exclut pas un éventuel cancer prostatique, car cet examen ne permet de détecter que des tumeurs palpables. Par ailleurs, un dosage élevé ne signifie pas toujours la présence d’un cancer. D’autres maladies (hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome de la prostate, prostatite, infection urinaire ou cystite aiguë) peuvent aussi augmenter le taux de PSA.
Face à une augmentation du PSA, des examens complémentaires (dont des biopsies) seront le plus souvent prescrits pour vérifier la présence d’un cancer. Dans 70 % des cas, il s’avère qu’un taux de PSA élevé n’était, en réalité, pas lié à un cancer de la prostate et a inquiété l’homme à tort. Un taux de PSA faible signifie, dans 90 % des cas, qu’il n’y a pas de cancer de la prostate. Toutefois, il peut arriver qu’un taux de PSA soit faible, alors qu’un cancer est bel et bien présent (10 % des cas).
En cas d’anomalie et comme nous l’avons spécifié précédemment, une biopsie permet de confirmer le diagnostic. Le dépistage du cancer de la prostate par l’étude du PSA est recommandé entre 50 et 70 ans. Parlez-en à votre médecin traitant. Il saura vous conseiller, notamment à quel âge et dans quelles conditions il est souhaitable que vous fassiez cet examen.
Traitements
Plusieurs options thérapeutiques sont possibles et sont choisies en fonction de l’âge du patient, de son état général ainsi que du degré d’évolution du cancer, localisé ou métastatique, indolent ou agressif. Les facteurs de co-morbidités sont à prendre en compte pour le choix du traitement. À savoir également ; ce choix n’est pas mono-disciplinaire puisqu’il s’agit d’une décision commune d’un urologue, un cancérologue et un radiothérapeute.
Dans un premier temps, le patient doit réaliser un diagnostic d’extension (IRM ou TDM : examens d’imagerie qui permettent de vérifier si le cancer s’est développé en dehors de la prostate, autrement dit s’il s’est étendu à d’autres organes). Ces examens sont lourds, ils ne sont donc pas systématiques, cela dépend des patients.
Suite à cela, et en fonction des résultats obtenus, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Le diagnostic de cancer de la prostate n’implique pas automatiquement la mise en place d’un traitement curatif. Le patient doit avoir une garantie d’espérance de vie de plus de 10 ans pour pouvoir bénéficier d’un traitement curatif. Voici les différents traitements proposés :
- La surveillance active : lorsque la tumeur est asymptomatique et considérée en « évolution lente », l’alternative d’un report du traitement et d’une surveillance active est souvent envisagée. La fréquence de la surveillance est définie par l’équipe et repose sur plusieurs examens : toucher rectal, dosage du PSA et biopsie prostatique. Si des symptômes ou des signes d’évolution sont repérés, un traitement est proposé.
- La prostatectomie totale : elle correspond à l’ablation chirurgicale de la prostate ainsi que des tissus voisins. Parallèlement, les ganglions lymphatiques sont retirés et analysés : s’ils révèlent la présence de cellules cancéreuses, cela indique que le cancer s’est probablement disséminé dans d’autres organes. Dans ce cas, le patient doit suivre un traitement complémentaire afin d’en limiter l’extension (radiothérapie, chimiothérapie ou hormonothérapie). Au cours de cette intervention, les nerfs qui contrôlent l’érection et le sphincter urinaire (assure la continence) peuvent être touchés. Les dysfonctions érectiles et des troubles urinaires sont donc les principales complications de cette opération.
- La radiothérapie externe est un traitement qui utilise des rayons de forte énergie : focalisés sur la tumeur, ils permettent de détruire les cellules cancéreuses. Cette technique est proposée à tous les stades de la maladie, seule ou en association avec un traitement par hormonothérapie. Un traitement par radiothérapie consiste à administrer une dose définie de rayons délivrée de façon fractionnée, cinq jours par semaine pendant environ sept à huit semaines. La radiothérapie est en général bien tolérée, mais elle s’accompagne souvent d’une fatigue physique.
- La curiethérapie interstitielle est une méthode de radiothérapie par laquelle les rayonnements sont délivrés localement grâce à l’implantation de grains d’iode radioactifs au niveau du tissu prostatique, à travers le périnée. Elle est proposée au patient atteint d’un cancer de la prostate localisé à risque faible ou modéré.
- L’hormonothérapie : les cellules cancéreuses, qui sont dérivées des cellules normales de la prostate, sont sous la dépendance directe des hormones masculines appelées androgènes. L’hormonothérapie consiste à contrer l’action des hormones masculines favorisant la croissance des cellules cancéreuses. En pratique, l’hormonothérapie est systématiquement prescrite chez les patients souffrant de tumeurs localement avancées ou métastatiques, seule ou en association avec un autre traitement. Elle peut être aussi envisagée pour le traitement de tumeurs localisées à risque élevé, en combinaison avec une radiothérapie.
- La chimiothérapie : c’est le traitement de référence des cancers de la prostate métastatiques, devenus résistants à l’hormonothérapie.
Comme nous l’avons dit plus haut dans cette revue, le dépistage du cancer de la prostate reste à ce jour peu fiable, cela amène les chercheurs à trouver d’autres alternatives. A ce jour, leurs travaux ont mené à la mise en place de 2 nouveaux dosages biologiques pour affiner le diagnostic. L’un se basant encore sur le PSA, mais cette fois-ci en s’intéressant à toute les formes présentes dans le sang, permettant la mise en place d’un modèle mathématique qui est le Prostate Health Index. Il serait 2 fois plus sensible que le dosage simple.
L’autre test se base sur le PCA3 ( Prostate Cancer Antigen 3) qui est un bio-marqueur détectable à partir d’une analyse urinaire. Ce marqueur est associé à un gène exprimé en plus grande quantité dans les cellules cancéreuses. Une élévation de ce dernier serait donc reliée à une éventuelle évolution de cellules cancéreuses.
Nous savons que le meilleur moyen de traiter un cancer est la mise en place de traitement spécifique. Cela constitue un véritable pilier de la recherche ciblant le cancer de la prostate. La mise en place de tests génomiques des cellules cancéreuses permettra donc de proposer un traitement personnalisé selon le comportement de la tumeur et son agressivité, afin d’améliorer la prise en charge et limiter les effets secondaires ainsi que tout risque de récidive.
Parmi les nouvelles approches thérapeutiques pour le cancer de la prostate, on peut citer :
- Les thérapies ciblées : en inhibant les tyrosines kinases, on bloque ainsi la cellule cancéreuse et induit sa destruction. Étant déjà utilisées dans plusieurs variantes cancéreuses leur intérêt est aujourd’hui étudié dans les cancers de la prostate avec comme drogues le Cabozantinib et l’Aflibercept.
Très récemment aussi, une recherche en phase 3 sur l’Olaparib un inhibiteur de PARP (molécule bloquant des enzymes permettant la réparation des lésions de l’ADN) et déjà utilisé dans les cancers gynécologiques à porter ces fruits sur des patients atteints du cancer de la prostate métastatique. Après le suivi de la progression de la maladie chez ces patients, on a remarqué que la maladie a été significativement retardée chez lez patients utilisant l’Olaparib comparé à ceux utilisant des traitements traditionnels « validant ainsi son usage auprès de patients porteurs d’une mutation qui fragilise les mécanismes de réparation de l’ADN. »
- L’immunothérapie : consiste en la production d’un vaccin : à l’image du vaccin usuel, il aide le corps à se débarrasser d’un agent infectieux, et donc de lutter contre le cancer. Déjà utilisée au Etats-Unis, cette procédure reste cependant très onéreuse et complexe à mettre en place. Cependant d’autres recherches sur ce type de thérapie sont en cours. Elles se concentrent sur la production de vaccin moins complexes et plus pratiques.
Ces nouvelles thérapies soulignent encore plus l’importance de la génétique des patients, afin d’adapter au mieux le traitement. D’autres molécules ont déjà fait l’objet de recherche telles que le Tasquinimod dont le développement a été interrompu suite à des résultats non concluants (sur la survie globale malgré de bons résultats sur la progression radiologique de la maladie). Par ailleurs, l’OGX 11 qui permet d’augmenter l’efficacité de la chimiothérapie reste quant à elle, une affaire à suivre.
Movember.fr
Pour conclure cette revue santé axée sur le cancer de la prostate, sachez que le mois de novembre ne vise pas seulement à informer les jeunes hommes des risques de survenue d’un cancer prostatique au cours de leur vie, il met aussi en lumière la santé mentale masculine, le suicide ainsi que le cancer des testicules.
Il est temps, maintenant plus que jamais de prendre soin de votre santé, et cela passe par l’éducation et la prévention. Si vous souhaitez vous engager dans la lutte contre le cancer de la prostate ainsi que pour toutes les autres causes précédemment citées, rendez-vous sur le site officiel movember.com. Prenez soin de vous.
Sources : Ameli, Urofrance, medisite.fr, HifuFrance, Toutcomment, HAS, Fondation contre le cancer, Institut Pasteur de Lille, Fondation ARC.
Couverture : Movember
L’équipe MED’Advice